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Partager un salarié avec la commune Partager un salarié avec la commune

La difficulté de garantir des emplois à plein temps a mené les éleveurs à s'associer à une commune dans un groupement d'employeurs de droit privé.

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« En travaillant pour la commune, je suis dorénavant occupé à plein temps », explique Gilbert Cussac, producteur de lait dans le Cantal et salarié du groupement d'employeurs départemental (GED) « Agri-Emploi15 ». Depuis 2010, il partage son temps entre sa ferme, deux autres exploitations et la commune d'Espinasse.

 

La localité, qui compte 90 habitants, est entrée dans le GED en 2010, six ans après sa création. Les visions parfois différentes des agriculteurs et des communes occasionnent, lors des assemblées générales, des débats houleux en matière d'environnement ou d'aménagement du territoire. L'emploi réconcilie.

Selon Annie Soulier, chef de projet chez Agri-Emploi15, « chacun a compris l'intérêt de garder des actifs au sein des zones rurales en mal de population. Aussi, nous avons décidé de fidéliser les salariés en leur proposant rapidement la signature d'un CDI à temps plein ».

En assurant un emploi stable aux salariés, le GED répond aussi aux besoins de ses adhérents. Les petites communes rurales, comme les exploitations, recherchent une main-d'oeuvre ponctuelle et souvent n'ont pas les moyens d'embaucher seules.

« C'est très appréciable de garder le même salarié plus de trois mois », confirme Michel Verny, éleveur et adhérent du GED depuis 2009. L'agriculteur était las de remontrer à chaque fois le fonctionnement de son exploitation à des ouvriers successifs.

Complémentarité

« Si distribuer les heures de travail entre communes et exploitations multiplie l'offre locale de travail, elle facilite aussi la gestion des plannings », explique Annie Soulier. Le partage du travail est adapté aux besoins des adhérents.

Contrairement aux communes, les exploitations ont souvent les mêmes besoins au même moment. « Ce système garantit plus de souplesse », assure Annie Soulier.

« J'ai l'habitude d'être sur Espinasse trois heures le jeudi, mais je m'adapte en fonction des exploitants. Si l'un d'eux a besoin de moi ce jour-là, je m'arrange avec le maire pour venir une autre fois », confie Gilbert Cussac.

L'élu local n'est pas en reste pour autant. « En adhérant à Agri-emploi15, nous savions que la personne mise à notre disposition aurait l'habitude de travailler en extérieur », témoigne Jean Vincent, maire d'Espinasse.

Selon lui, les salariés agricoles sont réputés pour leur polyvalence. Et Gilbert ne le fait pas mentir, lui qui jongle en toute autonomie entre la station d'épuration verte, la voirie et les espaces verts de la commune.

 

Expert : ANNIE SOULIER, chef de projet au groupement d'employeurs départemental Agri-Emploi 15(Cantal) 

 

« Les collectivités doivent rester minoritaires dans le GE »

« Depuis la loi sur les territoires ruraux de 2005, les communes rurales peuvent adhérer à un groupement d'employeurs (GE) de droit privé. La décision doit être prise collégialement par le conseil municipal. La mairie s'acquitte ensuite des factures des prestations de service auprès du groupement.

Les GE constitués d'adhérents de droit privé (agriculteurs, artisans, etc.) et de droit public (communes, communautés de communes…) prennent la forme d'une association loi 1901 et poursuivent donc un but non lucratif. Les collectivités ne peuvent constituer plus de la moitié des membres du GE. Le salarié, quant à lui, doit effectuer la majorité de son temps de travail sur les exploitations.

Enfin, lorsque les adhérents de droit privé entrent dans le champ de la même convention collective, celle-ci s'applique au groupement. Pour le GED Agri-Emploi15, c'est la convention des salariés agricoles du Cantal qui s'applique à tous ses salariés. »

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